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Trois personnalités distinctes et complémentaires, collaborant  sur leurs projets architecturaux décident de fusionner leurs entités respectives en s’associant, et fondent en 2011 l’agence ARPHODES.

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ARPHODES ARCHITECTURE

  /  Architecture Intérieure   /  L’Art des Beaux Bars

L’Art des Beaux Bars

J’ai très envie de partager cette délectation que j’éprouve dans certains bars. Je publierai régulièrement au fil de mes découvertes ces bars surtout luxueux, disons-le, ces endroits insolites, majestueux, nobles et précieux rencontrés au fil de mes voyages … Ceux qui me marquent de par leur beauté, leur originalité ou leur extravagance. Mais avant tout, n’étant pas un guide de bonnes adresses, ce sont les créations, les décors les plus incroyables qui me sensibilisent et me donnent l’envie de les partager avec vous.

Je donnerai ma note toutefois pour :
Le Décor
Le Service
L’Ambiance
La Qualité des breuvages

À travers le monde et particulièrement les grandes villes de notre globe, sont parsemés ces endroits nommés « bar ».
Les désirs précédents toujours les pas qui nous conduisent aux bars. Et les origines de ces désirs sont vastes, tout autant que secrètes, confidentielles, intimes, voire inconscientes …
Et plus ils sont beaux, les bars, plus on en fait la louange.
Des bars lounge aux bars du coin …
Plus ils nous accueillent et plus l’on s’y love.
Souvent à deux, parfois en petit groupe, ou seul comme le marin solitaire au bar de son hôtel …

La panache des hommes, seuls autorisés à en jouer, jusqu’à ce que Madame Ritz y siège avec ses copines dans son propre établissement de la Place Vendôme, après la Seconde Guerre Mondiale où les femmes y étaient jusqu’alors interdites.
Madame Ritz donc, en culotte de pantalon, nous indiqua la voie, Mesdames, pour partager ces délices à l’égal de ces Messieurs.

Les beaux bars deviennent les espaces en aparté du cours de la vie où, entre les reflets de glaces et les vapeurs cognac, le monde de chacun des hommes et des femmes se repeint et ouvre ses possibles infinis.
C’est peut-être cela, le goût de l’ivresse…?

On a tout tenté pour les galvauder du bar à ongles au bar d’hôtesses, du bar à salade au bar à soupe, du bar à champagne au bar à cigare (ces derniers, moi je les aime bien…). Tous ont en commun cet endroit refuge où l’on prendra soin de vous … avec ou sans alcool.

Ces lieux à part, comme des mondes parallèles, sont uniques autant qu’ils sont, comme chacun des êtres qui s’y retrouvent.

Le cœur un peu nauséeux, on conserve toutefois un certain attachement aux banquettes de moleskine orangées aux passementeries chatterton. Ces bistrots aux fragrances indestructibles de rance et de javel sur carreaux 5×5 jaunâtres résonneront, un temps très compté malheureusement, ce PARIS enfoui des méandres immortalisés de Brasaï à Doisneau, comme un paradis perdu.
Que ni les petits carnets Moleskine ni les madeleines posées près d’un café ne remplaceront.

C’est tout un voyage vers le passé auquel quelques survivants s’agrippent pour ne pas le laisser sombrer dans la rade de l’oubli et de l’absinthe.
Ne pas confondre les go-fast des chauffeurs de taxi russes qui n’avaient pas le temps de s’attabler et restaient à la barre du comptoir, d’où le nom de bar qui devinrent par ces derniers les bistrots. Ne pas confondre donc, avec les bars de salon que sont ceux qui nous attirent aujourd’hui.

Soyons honnêtes, n’est-ce pas le rêve, l’imagination, les contes, les mystères que nous promettent de vivre ces lieux qui nous attirent ?
Cet entracte dans le quotidien qui nous aspire à la rêverie ?

On les veut chaleureux, tout autant simples « comme à la maison » et sophistiqués comme le palais de nos « mille et une nuits ».

Le personnel est primordial dans l’environnement de ce film en 3D dont nous sommes les acteurs pour 2 heures et eux les magiciens-techniciens.
Alors, les barmans qui sont les stars montantes, orchestrent cet opéra bouffe sans qui le décor ferait un flop !

Le décor, en Technicolor donne l’accord : le timbre, la note, l’envergure de la toile où se joueront les épopées les plus intenses.
Il y a souvent un enjeu qui se joue : une rencontre, un entretien, un after-work ou un before d’ailleurs dans le jargon moderniste, des retrouvailles, des déclarations, des déchirures, des fractures, des silences, des rires, des regards, des amplitudes, des souffles, des respirations, des maux de ventre, des palpitations, des larmes, des baisers, des jambes déliées ou croisées, des mains qui se touchent, qui grattent la table, le verre…
Tout cela; ce sont des foules, de teintes mélangées, des parfums, des sons, des matières, des plissés : une mise en scène grandiose !
On fait appel aux plus renommées des agences d’architecture d’intérieur quand on est conscient de tels enjeux !

Directeurs d’hôtels, donnez carte blanche aux créateurs !
Pour déborder les frontières de la norme où les êtres seront transportés sans le savoir dans l’univers qui deviendra leur lieu de libre pensée. Et où ils n’auront de cesse que de s’y ressourcer.

Ces lieux expriment et donnent tellement pour le prix d’un cocktail ; vous vous offrez un monde. (Allez-y de préférence bien accompagné !)

Le bar c’est le cœur d’un hôtel de luxe, la pulsation d’une grande ville, l’enchantement des rues, la nuit.
C’est toute la palette des émotions de l’être.
Et ça vaut bien tous les plus beaux décors !

Tout est permis, tout est « inventable », il suffit de donner le thème … les créatifs feront le reste !
Les bars sont un extraordinaire exercice de poésie, de luxe, de transposition, de savoir et d’excellence, de mise en scène !

Jouant d’abord de matières folles ou nobles, rares ou rustres, exotiques et atypiques, tout y est possible : une danse chatoyante telle des satins de soir, des velours pourpres, des ambres de cuirs, des verres taillés, burinés, gravés, des tresses de soies, des lianes de cuivres, des fils d’argent aux tissés d’or. Des laques glacées aux pierres

semi-précieuses, puis des lumières indirectes le plus souvent, gracieuses, délicates pour mettre en valeur le teint des femmes comme l’avait encore induit la grande Madame Ritz*, les sols de moquettes lourdes ouatant les talons hauts (devenus bizarrement rares dans certaines villes).

Bref, ces endroits sont là pour nous ensorceler, nous déborder, nous emporter, nous enchanter.

Des beaux bars, des bars de rêve où les concepteurs vous ouvrent le chemin de votre inventivité !

* ouvrage à lire impérativement « Tout sur le Ritz ! » Claude Roulet.
Editions La Table Ronde.
Paris 1988 et 2016

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